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dimanche 20 mars 2016

La terre de Van Diemen



Le voilà le tant attendu article sur la Tasmanie, il a été long à venir mais pour nous racheter nous allons faire en sorte de le faire très complet.
Petit retour en arrière (historique).

D’abord découverte en 1642 par un néerlandais, l’explorateur Abel Tasman, la Tasmanie est baptisée Van Diemen’s Land ( la Terre de Van Diemen) en l’honneur d'Antonio van Diemen, le gouverneur général des Indes orientales néerlandaises et commanditaire de l’expédition.

Mais ce sont les français qui ont parcouru et étudié l’île en premier. Partis à la recherche de la Pérousse sous les ordres du roi Louis XVI, Antoine Bruny d'Entrecasteaux, accompagné entre autres de Jean-Michel Huon de Kermadec accostent en Tasmanie par accident en 1792 à bord de la Recherche et de l’Espérance. Bien que n’ayant pas retrouvé leur compère déjà perdu dans les îles Salomon, ils s’activent à leur seconde mission qui était d’étudier de nouvelles contrées. Les scientifiques, philosophes et autres observateurs à bord décrivent et dessinent cette nouvelle terre avec sa faune, sa flore et sa population indigène. Huon donnera d’ailleurs son nom à un pin (qui en réalité n’en est pas un) qui sera largement exploité par les anglais pour l’établissement et le développement des colonies. De nombreuses localités portent ainsi des noms liés à cette expédition comme Recherche bay, Bruny Island, mont Esperance….

Recherche Bay: Lieu d'arrivée des Français

Ce sont cependant les anglais qui établir la première colonie aux alentours de l’actuel Hobart en 1803, empêchant ainsi à la France de réclamer l’île… Van Diemen land devient après Sydney la deuxième colonie pénitentiaire britannique.
A cette époque, l’Australie était considérée comme le bagne des britanniques. Ainsi entre 1788 et 1868, environ 162 000 prisonniers hommes, femmes et enfants ont été déportés en Australie (dont 70 000 à Van Diemen land’s). On a souvent l’image que l’Australie a été colonisé par les pires criminels que les anglais ne voulaient plus chez eux… et pourtant la majorité des prisonniers étaient des récidivistes pour des crimes mineurs comme des vols ou par manque de moralité. Un des objectifs des anglais à l’époque était de réduire la pauvreté et la délinquance en réduisant la population dans les grandes villes. Etaient également déportés des prisonniers militaires, anarchistes et rebelles politiques. Une fois leur peine purgée (7 ans en moyenne), n’ayant pas d’argent, la plus part les prisonniers sont restés en Australie pour travailler dans les différentes industries, mettant à profit les nouvelles connaissances apprises lors de leur détention. Aujourd’hui 20% des australiens ont un ancêtre prisonnier.
Van Diemen land’s était redouté des prisonniers puisque c’était le bagne du bagne et accueillait les pires convicts, les plus désobéissants et fugitifs. Deux colonies principales : Port Arthur au sud-est et Macquarie Harbour sur la côte ouest. Ces deux colonies ont la particularité d’être situé dans des endroits où l’évasion est quasi impossible (île pour Macquarie Harbour et presque-île gardée par des chiens pour Port Arthur). Dans ces deux lieux, comme ailleurs en Australie, les convicts devaient travailler pour la colonie (construction de routes, de bâtiments et de navires, exploitations forestière et minière…). Les objectifs pénitenciers étaient d’éduquer et d’apprendre un métier pour pouvoir intégrer la société sur le bon pied à leur sortie tout en ayant une forte éducation religieuse. A Van Diemen’s land, et notamment à Port Arthur que nous avons visité, a été expérimenté une nouvelle méthode de répression basée sur le mental et non plus sur les châtiments corporels. Ainsi les plus récalcitrants étaient isolés individuellement pendant plusieurs mois voir un an avec 23 heures d’enfermement par jour et l’obligation de respecter le silence à tout moment de la journée. Pour les réfractaires il y avait également l’option sans lumière qui existait. L’objectif était de les faire se concentrer sur eux-mêmes et leurs fautes. Le bâtiment voisin à la prison était l’asile… ça donne une idée de l’état dans lequel ils ressortaient !

Port Arthur vue du port d'arrivée des convicts

Après que les derniers convicts arrivèrent en 1853, Port Arthur fut fermé en 1877 et la région changea de nom devenant Carnavon. Le site fut alors vendu en 1880 et des civils s'y installèrent et une nouvelle ville fut construite. Si Port Arthur retrouva son nom en 1927, Van Diemen’s land changa de nom en 1856 (année de création de l’état) et devint la Tasmanie pour faire oublier l’ère des forçats.
Après l’indépendance, l’économie continua avec les mêmes industries que sous l’ère des convicts à savoir les minerais (charbon, cuivre, zinc, étain, fer), l'agriculture, l'exploitation forestière et la chasse aux animaux marins pour l’huile (phoque et baleine). Plus tard se développèrent les centrales hydroélectriques qui fournissent la majorité des tasmaniens en électricité … quand ce n’est pas une année de sécheresse !
Hobart

La Tasmanie est également connu comme étant le « natural state » et pour cause, plus d'un tiers du territoire de la Tasmanie est classé en réserves naturelles, parcs nationaux et sites au patrimoine mondial de l'UNESCO. D’une superficie de 90 758 km² l'État compte un peu plus de 500 000 habitants dont la moitié réside dans la région d’Hobart. D’un point de vue climatique, la Tasmanie n’a rien à voir avec le mainland (le continent australien). Bien que le routard nous indique que Hobart est la capitale australienne qui reçoit le moins de précipitations, l’île est constituée de zones où la pluviométrie dépasse les 1 000 mm d’eau par an. Les parties plus sèches sont situées dans la partie Est où les cultures céréalières sont fortement présentes, la pluviométrie moyenne atteint les 500 mm. Bien entendu les nombreuses vallées de l’île créent des micro-climats propices à de fortes variations. Sur la façade Ouest de la Tasmanie les forêts humides reçoivent jusqu’à 3 000 mm d’eau et l’on retrouve beaucoup de paysages de tourbières. L’hiver est froid et humide avec de nombreuses chutes de neige et sur les hauts plateaux des vents glaciales venant de l’antarctique rendent la vie difficile. En été en revanche les températures dépassent rarement les 25°C ce qui en fait une destination prisée des Australiens et des touristes qui cherchent à fuir la chaleur insoutenable du continent.  Pendant notre séjour nous n’avons eu que quelques jours de pluie à l’exception d’une journée de balade, nous avons toujours réussi à passer entre les gouttes. Il faut dire que les températures clémentes (un peu fraiches tout de même la nuit) et la végétation abondante nous ont permis de vraiment couper avec ce que l’on connaissait de l’Australie !

Forêt humide

Liffey falls
Eucalyptus regnans
Nos nombreuses balades et nuits de camping nous ont également permis de rencontrer la faune et la flore Tasmanienne. Notre première surprise fut la similitude de certains endroits avec les paysages de Nouvelle-Zélande notamment due à la présence de nombreuses fougères arborescentes, cours d’eau et cascades. Comme vous l’aurez compris, la Tasmanie est également bien occupée par des forets. Ces forets se composent d’eucalyptus dont certains (Eucalyptus regnans) peuvent atteindre les 100 m, faisant d’eux les plus grands angiospermes (arbres à fleurs). Dans la famille des arbres records, le pin Huon détient la palme du deuxième plus vieil organisme vivant avec la possibilité d’aller jusqu’à 3000 ans !





En prenant de l’altitude, nous quittons la foret humide pour arriver dans des paysages alpins avec une flore totalement différente. Ce nouveau climat permet l’apparition de tourbières avec une végétation de toutes formes mais de faible hauteur à quelques exceptions près.
Lac saint Clair

Tourbière
La côte Est de la Tasmanie est une alternance de plages de sable blanc et fin avec des falaises abruptes… offrant ainsi des paysages époustouflants ! Les plages magnifiques ne riment malheureusement pas avec eau chaude… mais les grosses vagues permettent à des gens de surfer (en combinaison).


Wineglass Bay

Echidné
En ce qui concerne les animaux, on retrouve grosso modo les mêmes que sur le continent avec néanmoins des petites spécificités. Bien que les kangourous soient présents sur l’île, nous avons surtout eu affaire à leurs compatriotes wallabies notamment le Pademelon
Famille Pademelon
. Marsupial assez petit, il a la particularité de taper des pieds pour annoncer un danger. Non pas à la manière de Pan-Pan (on vous voit venir) mais en sautant à pieds joints en produisant un son sourd. Il n’est pas rare d’ailleurs d’avoir le son avant l’image… voire sans l’image. Nous avons également revu nos voleurs de pain…en gang organisé. Toujours aussi soumis à leurs estomacs, ils n’hésitent pas pour certain à s’approcher du feu et vérifier s’il ne reste pas une patate dans les braises. Autre animal très présent, les échidnés avec leur démarche chaloupée qui, avec l’ornithorynque, sont les seuls mammifères à pondre des œufs. Justement l’ornithorynque, très présent en Tasmanie, n’a cependant pas daigné sortir de son trou pour nous dire bonjour !

 
 En revanche nous avons rencontré notre premier wombat, qui certes n’était pas très sauvage (cf photo).
Wombat
Au premier abord, Pascaline a cru voir un sanglier (en manque des Ardennes ?!) de par sa couleur et sa carrure. En s’approchant, leur face de koala leur donne un aspect bien plus sympathique qu’un sanglier ! A savoir qu’ils peuvent peser jusqu’à 40 kg.
La Tasmanie est également connue pour son tigre et son diable. Le tigre, d’abord, est une espèce officiellement éteinte depuis 1986, le dernier animal en captivité étant mort en 1936. Leur extinction est principalement la conséquence d’une politique de chasse qui garantissait une prime à chaque animal abattu. Si pendant des années il a été vu, à tort, comme une menace pour les volailles et les troupeaux, il est aujourd’hui devenu le symbole de la Tasmanie. Certaines personnes pensent cependant qu’il existe encore des individus en Tasmanie. Seulement sans preuves formelles de vie, le tigre de Tasmanie ou Thylacine reste au rang d’espèce éteinte.




En ce qui concerne le Diable de Tasmanie (Taz pour les nostalgiques des Loony toons), il est bel et bien présent sur l’île. Très difficile à croiser à l’état sauvage (nocturne + « timide »), nous nous sommes rendus dans un sanctuaire pour avoir la chance d’en voir et d’en apprendre un peu plus sur eux.  Victimes d’un cancer facial (et des voitures !) leur population a diminué de 85 à 90% depuis 1990. Ce cancer contagieux conduit au développement de tumeurs faciales qui, à terme, empêche l’animal de se nourrir. Aujourd’hui un vaccin a été développé pour immuniser les diable et des campagnes de repeuplement sont mises en place dans certaines région de la Tasmanie.
S’il y a peu de ressemblance physique avec Taz, leur appétit est très bien représenté dans les dessins animés. Carnivore opportuniste et charognard, il peut engloutir 15% de sa masse corporelle en quelques minutes et continue de s’alimenter tant qu’il reste à manger (sauf période de reproduction où il a autre chose en tête). Ayant, proportionnellement à sa taille, les mâchoires les plus puissantes qui existent, le diable mange l’ensemble de la carcasse, os et fourrure inclus : pas de gâchis !! Il est aujourd’hui le plus gros marsupiale carnivore. Ce petit animal fascinant reste une espèce en danger et bien que sa maladie commence à être mieux connue, son principal ennemi reste les voitures.


Notre mois en Tasmanie a été l’occasion de nombreuses randonnées afin d’explorer les nombreux écosystèmes présents sur l’île. La plupart de nos nuits se sont déroulées dans la tente et nos principales occupations du soir étaient de partir à la découverte de la faune locale. Si quelques serpents ont croisé notre chemin, la majorité des rencontres furent sympathiques. Nous avons passé 5 jours chez des autochtones, où en échange de soins aux chevaux et moutons, nous avons trouvés un toit, un lit et une connexion sociale.
Il nous est difficile d’aborder tous les paysages et aspects de la Tasmanie tant leurs diversités est grande. On aurait aussi bien pu vous parler de leurs vignobles, leurs vergers (pomme et poire), leurs cultures d’houblon et de pavots médicinaux, leur industrie du lait ou encore de leurs aquacultures dont les saumons font la fierté de l’île. L’arrivée sur l’île a été un dépaysement total et s’est poursuivie tout au long du voyage. Appelée également île de l’inspiration, la Tasmanie doit ainsi être considérée comme une destination à part entière tant elle a de chose à offrir notamment pour les amoureux de la nature et des randonnées.
Après ce séjour inoubliable, nous sommes retournés sur le mainland pour la rentrée au travail. Un petit passage sympathique chez nos amis Drew et Leanne (et Sharolyn !), puis nous avons pris la route vers le New South Wales pour que Julien puisse commencer son nouveau travail dans une ferme de polyculture élevage. Dépendant de la commune de Weethalle, la ferme se situe à plus d’une heure d’une grande ville (Griffith ou west walong). Elle se compose de 3500 ha de blé, avoine, orge et pâtures avec environs 1000 brebis et une centaine de vaches mères. Les patrons Craig et Narelle, la quarantaine, ont deux enfants et sont originaires de la région (3eme génération sur la ferme pour Craig). Pendant que Julien travaille sur la ferme avec Craig, Pascaline s’occupe de la maison en attendant de trouver un boulot en lien avec l’élevage…. Suite au prochain article !

En attendant vous pouvez nous écrire à l’adresse suivante:

Mr and Mrs Fradin
"Willowlea"
Weethalle NSW 2669
Australia


 et voici une petite carte qui résume notre périple !

Bisous à tous ! (Cheers comme on dit par chez nous)

2 commentaires:

  1. Je préfère toujours lire le contenu de qualité et ce que je ai trouvé en vous posterai. Merci pour le partage. Une très bonne ressource pour tout le monde qui veut lire un bon blog.

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  2. Oui, une belle découverte de cette ile!!! Qu'ils sont loin mais toujours présents les îlots des 3 Fontaines (cité Gautier, Walbaum, Le Sidaner...). Moins spectaculaires mais garnis de petits jardins familiaux qui revivent à présent avec le retour du printemps. Biz et bonne continuation.

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