Ecriture d'une nouvelle page

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lundi 3 août 2015

Weelarrana, une station au cœur du Pilbara



Après nos escapades dans Karijini national park, nous avons fait escale 2 semaines dans une station pour découvrir le mode de vie d’une famille du bush.
Première chose : qu’est-ce qu’une station ? Rien à voir avec une station-service !! Une station est une étendu de plusieurs centaines de milliers d’hectares non cultivés destinée à la production animale (bovins ou moutons et parfois chèvres). L’une d’entre elles est aussi grande que la Belgique ! Les terres appartiennent toujours à l’Etat et sont louées aux dirigeants, le prix varie en fonction du potentiel de celles-ci. Les animaux sont donc en total liberté sur cet espace (qui bien sûr est traversé par des routes principales où l’on roule à 110 km/h), et ne sont donc quasiment jamais en contact avec l’homme sauf en cas de collision avec un véhicule ou lors du mustering. Deuxième chose : qu’est-ce que le mustering ? Si l’on se base sur la traduction, cela veut dire rassemblement. C’est enfaite l’action de rassembler le troupeau d’une station (par zone géographique) afin de trier, identifier et vacciner les animaux. Cette opération a lieu en générale une fois par an et peut durer plusieurs mois selon le management des stations. Les étendues étant tellement grandes qu’il est très fréquent de faire appel à un hélicoptère pour repérer et orienter le troupeau. Les restes des mouvements se font grâce aux 4x4 et parfois aux motos. Les chevaux sont encore utilisés dans certaines stations mais ils se font de plus en plus rares. Lors de ces déplacements, les animaux peuvent perdre jusqu’à 10% de leur poids. Certains stockmens (gestionnaire de station) nourrissent ainsi leurs animaux avec du foin avant de les vendre afin que ces derniers reprennent un peu du poil de la bête.
Voilà pour les connaissances générales.
Vue d'une colline d'une partie de la station
Weelarrana, une station d’un peu moins de 200 000 ha avec plusieurs milliers de têtes de bétail (chiffre exact inconnu) est dirigée depuis 30 ans par la famille Anick.
Cette station est située à l’entrée du little sandy desert (petit desert de sable), à 150 km par la route de la ville de Newman. John, le patriarche, a d’abord vécu de sa station en tant que chasseur professionnel. En effet, sur ces étendus, de nombreux animaux endémiques ou non cohabitent avec les vaches. A vrai dire, il y a assez de nourriture pour tout le monde car chacun à ses préférences. Cependant lorsqu’arrive l’été, avec des températures avoisinant les 45°C, il s’opère une forte compétition pour l’eau. Celle-ci provient des nombreux moulins à vent (éoliennes) et pompe solaire dissimulés sur la propriété. Leur débit est limité et ne peut être suffisant pour tout le monde. En bref, il faut faire des choix et le bétail a bien plus de valeur que les autres animaux présents. Mais quels sont-ils ? Et bien on trouve le kangourou qui en tant qu’animal endémique est protégé, ou plutôt régulé dans ce cas précis, pour empêcher une surpopulation. Les différentes infrastructures humaines précédemment citées facilitent grandement sa prolifération. En réponse, le gouvernement lance des appels d’offre pour prélever (tuer) un nombre défini de kangourous dans une zone. La viande part principalement en pet food, aliments pour chien et chat ou autre animal de compagnie. On retrouve aussi des animaux importés qui se sont, une fois encore, très bien acclimatés à ces plaines semi-arides : l’âne et le dromadaire. Leur chasse n’est à priori pas réglementée et il est du devoir du stockman de se débarrasser de ces espèces indésirables. Dans son cas, John avait un marché pour la viande d’âne pour pet food, achetée aux alentours de 15 centimes/kg à une cadence de 2 tonnes/jour la station a vite été rentabilisé. Pour des raisons de normes ce marché n’a pas perduré, des ânes il y en a toujours et désormais ils partent en saucisses comme nous l’a montré une partie de chasse peu avant notre départ. Sur 11 débusqués, 3 sont revenus avec nous et oui il n’y avait qu’un fusil. Pour les dromadaires, on en fait aussi des saucisses pour la consommation personnelle mais ils utilisent surtout sa graisse pour en faire des savons, les meilleurs pour la peau parait-il. Bon il y aussi ceux qui viennent le chasser juste pour le plaisir et parfois de loin, il y a le record du plus gros crâne en jeu mais il faut d’abord faire une soupe avec la tête enfin, c’est une autre histoire… Un autre animal présent et qui cette fois est tué systématiquement à chaque rencontre est le dingo.
Dingo tué il y a deja un petit bout de temps
Etant donné que le mustering venait de se terminer, nous n’avions pas énormément de chose à faire. John ayant cru que Julien avait des compétences en mécanique a été quelque peu déçu de sa trouvaille. Nous avons fait cependant de notre mieux dans les choses qu’il nous a confié. Notre première tâche a été de réparer les pneus des voitures endommagés lors du mustering. Nous avons donc dû apprendre à démonter les pneus et réparer les chambres à air… Ce qui au final n’est pas plus sorcier qu’une roue de vélo… il faut juste avoir un peu plus de force et surtout les bons outils. Notre deuxième tâche a été de changer les fils d’une des clôtures soit un peu plus de 3 km. Enlever le fil et l’enrouler ça se fait plutôt bien mais quand il faut en tirer un sur 1 km ça devient beaucoup plus douloureux pour les mains ! Enfin Julien s’est également occupé du jardin et moi j’ai fait de la pâtisserie.
Enfin pour terminer, on va essayer d’aborder un peu le « problème aborigène ». En effet Deb, la femme de John, a accueilli un bébé aborigène pour le préservé de son milieu d’origine. Ainsi la petite Sharmalih (orthographe incertaine), 18 mois, a été accueilli par Deb dans sa première semaine de vie. Elle n’a pas été abandonnée par sa mère mais étant donné les problèmes d’alcool et de violence qui règne au sein de la communauté aborigène, elle a été placée dans une famille d’accueil à proximité de ses racines. La population aborigène s’est assez mal adaptée (et a mal été intégré dès le début) au développement de l’Australie. Face à ce clivage social, le gouvernement Australien a débloqué de nombreux fonds et distribué de grands espaces de terre pour aider ces communautés et essayer de leur rendre un peu des terres de leurs ancêtres. Seulement l’argent n’a pas forcement abouti à des choses positives et a surtout favorisé la consommation d’alcool. De ce fait les australiens ont un regard assez négatif sur les aborigènes, ce qui alimente ce cercle vicieux. La résolution de ce problème social, passe par l’éducation et la prise de conscience des générations aborigènes futures. Cependant, il est impossible de séparer les enfants des familles comme cela a été fait dans le passé (la génération volée). Il faut donc que les enfants grandissent en contact de leur racine, de la culture aborigène et de leur famille, tout en les protégeant de l’alcool et des multiples formes de violence liées à sa consommation abusive. Ainsi Sharmalih restera jusqu’à ces 4 ans dans la famille Anick, mais il faudra par la suite lui trouver une autre famille d’accueil, plus proche de sa culture. Peut-être sa mère si la situation s’est amélioré, peut être sa grand-mère ou ses tantes si la situation le permet … A l’heure actuelle, personne, que ce soit dans la famille biologique, la famille adoptive, les associations de protection de l’enfance ou même le gouvernement ne savent ce qu’il en adviendra...

Dinde sauvage (Allez savoir où ils ont reconnu une dinde)

Desert peas = pois du desert

Après cet aparté mécanique et culturel, nous reprenons la route vers Darwin ! Arrivé prévue en fin de semaine.  On a prévu d’y rester un petit moment donc vous pouvez dès aujourd’hui envoyer vos courriers à l’adresse suivante :

Mr and Mrs FRADIN
c/o DARWIN Post Office
48 Cavenagh street
DARWIN NT 0800
AUSTRALIA

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