Ecriture d'une nouvelle page

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dimanche 6 décembre 2015

Victoria nous voila !

Wouhou enfin des nouvelles ! ça fait maintenant 1 mois que nous sommes partis de Kangaroo Island pour nous diriger vers notre nouvelles ferme.

Voici d’ailleurs l’adresse à laquelle vous pouvez nous écrire jusqu'à mi Janvier:

Mrs & Mr Fradin
115 A Yarrawalla East road
YARRAWALLA VIC 3575
AUSTRALIA

Après avoir quittés Heather et Dennis, nous avons décidé de passer une nuit supplémentaire sur l’île afin de camper et d’explorer davantage. Nous avons alors visité l’unique distillerie d’eucalyptus et d’émeu d’Australie du Sud qui produit des huiles, savons pour leurs intérêts sanitaire, relaxant et gustatif. Ne retournant plus en Australie occidentale (quarantaine très stricte) nous sommes retournés acheter du miel de Kangaroo Island produit par les fameuses abeilles de Liguruie. Elles sont en effet connues car importés sur l’île depuis l’Italie dans en 1881, elles sont maintenant considérés comme les dernières lignées pures de cette race. Cette particularité fait de kangaroo Island le plus vieux sanctuaire d’abeille du monde.
Une fois de retour sur le continent, nous avons fait remplacer notre pare-brise. En effet, sur la route d’Alice Springs  un road train nous avait gentiment fait parvenir un gravier qui après 2 mois d’attente avait finalement fendu le pare-brise en 2…  Après cette pause technique, nous avons pris la route vers l’état du Victoria avec pour objectif d’être samedi soir à Melbourne pour voir la finale de la coupe du monde de rugby (seul match vu).

Comme nous avons un peu d’avance sur le programme, nous décidons de longer la côte afin d’emprunter la Great Ocean Road, célèbre route touristique du Victoria. Les côtes qui bordent cette route sont tout simplement magnifiques. L’érosion et le temps ont sculpté les falaises pour offrir tantôt des arches, tantôt des îlots comme les « 12 apôtres ». Ainsi sur plus d’une centaine de kilomètre, s’étirent des plages de rêves, une eau claire, des vagues impressionnantes et parfois des sites exceptionnels. Ces paysages mystiques peuvent toutefois être légèrement gâchés par le nombre de touristes que l’on peut y trouver. En effet, aux 12 apôtres, ce sont des cars entiers d’asiatiques majoritairement  qui se bousculent (et te bousculent !) pour prendre en photo ces curiosités géologiques. Dur retour à la civilisation… Heureusement nous arrivons toujours à trouver des endroits dépeuplés pour planter notre tente et profiter de la nature sauvage du pays.


Cette région est très différente de ce qu’on a pu voir jusqu’à présent, les alentours sont vert flamboyant, on se croirait en France à l’exception que les forêts sont toujours composées d’eucalyptus avec des arbres de plus de 30m de haut.
On croise même des reliefs qui feraient penser à de veilles montagnes, enfin de hautes collines mais on a pas encore vu mieux pour l’instant. Notre périple nous a d’ailleurs donné l’occasion de rencontrer une communauté de koalas peu farouche… enfin des koalas quoi. Apparemment leur régime alimentaire uniquement basé sur les feuilles d’eucalyptus leur apporte également une substance qui les apaise et les endort. Il faut savoir qu’un koala est pire qu’un chat avec environ 20 heures de sommeil par jour !!
Cliquez pour agrandir la photo et
dîtes nous combien de koalas vous voyez!?
 









Comme dit plus tôt, nous sommes arrivés à Melbourne le samedi… ou dimanche plutôt vers 2h du matin pour nous diriger vers un pub où supporter nos équipes respectives (Nouvelle-Zélande et Australie ; Julien étant un kiwi dans l’âme et moi ayant l’esprit de contradiction). Le bar étant divisé en deux avec autant de supporters néo-zélandais que d’australiens, nous nous sommes placés au milieu, accoudés au comptoir. Ben nous n’allons pas refaire le match : belle victoire des kiwis fâce à des wallabies désorganisés et brouillons. Après les festivités et 2 heures perdues pour trouver la sortie de Melbourne, nous nous sommes arrêtés sur une aire de repos pour finir la nuit et prendre des forces avant la rencontre de notre nouveau patron. Heureusement, nous avons également trouvé une douche chaude dans une station service avant d’arriver… coupant l’herbe sous le pied à tout préjuger qui voudrait qu’un français ne se lave pas.


Cette fois-ci changement de décors, au nord de Melbourne à environ 2h30 de voiture, nous arrivons dans une région sèche où tout est plat, à l’exception de quelques buttes qui servent de repères. Pas tout à fait l’idée qu’on se faisait des environs où trouver une ferme laitière. Sur la route, on peut observer des champs de blé court sur patte, très clair, tout jaune et les autres champs sont majoritairement composé d’une végétation rase et peu discernable, souvent marron. Parait-il que quelques semaines auparavant tout était encore vert mais la faible pluviométrie du mois d’octobre a fini d’achever la végétation souffrante. Il faut dire que cet hiver a été très sec et le printemps n’a pas rattrapé ce manque d’eau dans le sol, ainsi les cultures et les prairies ont muri bien plus rapidement que prévues. Pour donner une idée, la moyenne annuelle des dernières décennies se situe aux alentours de 350 mm de pluie, pour l’instant le pluviomètre indique un peu moins de 250 mm d’eau tombée et ce n’est pas à priori avec l’été qui commence que cela devrait s’arranger. Pour autant, ces dernières années les australiens connaissent des pluies estivales, 50 à 100 mm, mais elles ne sont pas aussi bien valorisées qu’au printemps. Potentiellement, 100 mm de plus au bon moment sur une culture de blé ça peut représenter jusqu’à 3t/ha à rajouter au compteur de la moissonneuse batteuse. Ainsi cette année, nombreux sont les agriculteurs qui ont préféré couper une partie de leur culture de blé et la valoriser en foin plutôt que d’atteindre la récolte du grain et risquer de ne pas rentrer dans leur frais.
Revenons-en à la production laitière, malgré la situation décrite, l’état du Victoria reste le principal état producteur d’Australie avec plus de 60% des volumes. Ceci s’explique par la pluviométrie importante (600 mm ou +) et le climat tempéré le long de la côte. Mais pas seulement, car la production laitière est aussi très importante au Nord, dans les contrées sèches où se mêlent les cultures céréalières, là où nous sommes aujourd’hui, pas loin de la frontière avec le New South Wales. Celle-ci a la particularité d’être une frontière naturelle créée par le fleuve Murray River, le plus important d’Australie, sauf pour la dernière partie qui a été tracée à la règle... Cette situation exceptionnelle a poussé le gouvernement, dans les années 70, à investir pour développer un réseau de canaux aux alentours du fleuve et de certains de ses affluents. Les agriculteurs ont ainsi la possibilité d’acheter un droit d’accès à l’eau et ils paient ensuite la quantité utilisée. Pour autant, il ne faut pas s’imaginer que tous les agriculteurs l’utilisent, la majorité des surfaces en céréales sont des cultures sans irrigation, les principaux utilisateurs sont les éleveurs (lait ou viande) et surement les producteurs de fruits et légumes mais nous n’en avons pas vu pour l’instant. Sur le paysage, l’impact est visible, une culture verte parmi des champs marrons ça ne passe inaperçu, de plus les champs présentent des formes particulières. L’irrigation est généralement effectuée par inondation (faible coût d’infrastructures), ce qui nécessite des champs nivelés avec une faible pente pour que l’eau s’écoule, des talus pour contenir l’eau et ainsi former des parcelles longues et étroites.
C’est dans cet environnement que nous faisons connaissance avec Kelvin et Sheiley ainsi que de leurs 3 enfants Mathilda, Jacob et Abraham…   Agés de 34 ans, ils ont accumulé de nombreuses expériences laitières en Australie et Nouvelle-Zélande (Pays natal de Kelvin). Après avoir été manager dans  quelques fermes dans le Victoria, il est depuis 2 ans et demi devenu sharemilker, comprenez actionnaire laitier. En Australie, on trouve assez souvent le système de sharemilker/ landholder (propriétaire) qui consiste à ce qu’une personne possède les terres et une autre les exploite. Pas de différence avec la France me direz-vous. Sauf que le landholder, dans notre cas Don (le voisin), possède l’ensemble des terres et des bâtiments, les installations de traite, et la moitié du troupeau. Quant à Kelvin il possède l’autre moitié du troupeau et quelques machines agricole (tracteur, benne, etc.). Par contre il gère tout le système de production, maitrisant les aspects techniques d’élevage, les embauches, les achats d’aliments, la compta etc. En échange, le propriétaire reçoit la moitié des profits réalisés sur la ferme avant prise en compte des salaires des employés. Ceci est donc un système qui peut permettre plus « facilement » les installations hors cadre familiale dès lors que les profits sont importants ;). Pour la région, le troupeau de 600 vaches pourrait qualifier l’exploitation de moyenne à grande, avec 250 vaches qui serait une ferme moyenne et aux alentours de 1000 cela deviendrait une grande ferme.
 D’un point de vue technique, Kelvin gère très bien sa ferme, en réduisant un maximum son coût de production via une alimentation raisonnée (pâturage tournant quotidien : c’est-à-dire que deux fois par jour les 550 vaches laitières changent de pâtures), une irrigation maitrisée et une connaissance assez pointue de l’animal, notamment du système digestif (et métabolique) et de la reproduction (comportement de la vache un peu moins….). Près de 90% des vaches vêlent en 3 mois à la fin de l’hiver/ début du printemps, notamment grâce à l’injection d’hormones sexuelles (différent des hormones de croissance) et à l’insémination artificielle qu’il effectue lui-même dès lors qu’il y a moins de 30 vaches en chaleur en même temps. Cette gestion lui permet de produire 1000 L de lait pour 300$ contre 350$ de moyenne pour le groupe des éleveurs de la région et celui-ci était acheté la saison dernière au prix de 500$. Il est donc super intéressant pour nous d’étudier son système !  Malheureusement, cela aurait été un peu plus agréable s’il n’avait été aussi imbu de sa personne et stressé par la gestion de la traite, oubliant parfois qu’il ne travaille pas qu’avec des vaches… . Le moindre petit contre temps le fait monter en pression jusqu’à l’explosion verbale. On essaie de passer au-dessus et de ne pas se démoraliser quand on se lève à 4h du matin pour supporter ses variations d’humeur. Enfin, le plus important est que l’on soit tous les deux, payés et avec un logement rien que pour nous, ce qui nous procure l’indépendance que l’on cherchait.
On fait parfois de drôle de rencontre
sur le chemin pour raccompagner les vaches...
Bon au final, on vous parle du système du fermier mais pas de notre travail ! Donc la ferme se compose de 600 vaches que nous devons traire deux fois par jour dans une salle de traite rotative de 50 places, appelée également roto. Etant 4 personnes à travailler à plein temps sur la ferme (Kelvin, Richard et nous deux), et qu’il ne faut que 2 personnes par traite, il est assez fréquent que chacun d’entre nous face qu’une traite par jour (le planning change quotidiennement). Une traite commence pour nous soit à 4h40 du matin, soit à 14h30, par la préparation de la salle de traite (environ 20 minutes). Puis cela s’enchaine par 2h30 de traite, où notre rôle est souvent de brancher les vaches… 600 vaches laitières ça fait 600 mamelles soit 2400 trayons avec un délai de 11 secondes par vache… conseil : laissez faire les mains qui ont pris le reflexe, et évader vous dans vos pensées ! Enfin dernière étape le nettoyage de la salle de traite et de l’aire d’attente : 1h30 le matin, 1h le soir. Le reste de la journée est consacrée au travaux de ferme : distribution de foin dans les pâtures, fermeture puis ouverture du silo d’ensilage d’herbe, destruction des chardons sur l’ensemble des pâtures, réparation des clôtures, maçonnerie, déplacement d’animaux, écornage des veaux, tests des semences de taureaux…. En moyenne nous faisons des journées de 8h avec certains jours à 12h et d’autre à 4h (samedi et dimanche). Etant payés net, 13,5$ chacun de l’heure, cela nous permet de mettre un peu d’argent de côté pour la suite du voyage et les billets de retour en France ;) 

Lorsque nous sommes en repos, 3 jours consécutifs tous les 15  jours, nous en profitons pour visiter la région du Victoria. Pour l’instant, nous sommes allés nous promener dans le Grampians National Park, situé à 250 Km à l’ouest de la ferme.
Les Grampians sont une petite chaine de montagne située en plein milieu d’une immense plaine, ce qui offre des changements de paysage impressionnant. Désormais habitués aux grandes étendues plates de végétation brulée par le soleil, nous avons grandement appréciés randonner dans ces paysages verts et escarpés. Cela nous a permis de couper de la ferme et nous procurer une vraie sensation de vacances. Nous vous laissons découvrir les paysages et chutes d’eau à travers les photos qui décriront mieux le spectacle.
Un échidné

Le prochain mini périple aura lieu dans une semaine et nous emmènera sur la Great Alpine Road, situé à 300 km à l’est de la ferme.

En attendant le prochain article qui arrivera pendant les fêtes de Noël, on vous embrasse.